LA SCISSION INTRA-ORTHODOXE S’APPROFONDIT-ELLE ?

EXARCHAT PATRIARCAL D’AFRIQUE

Extrait de l’interview de l’Archevêque de Klin Léonide (Gorbatchev), exarque pour l’Afrique du Patriarcat de Moscou. (1)" : Après la décision anti-canonique, perfide et unilatérale du primat de l’Église orthodoxe d’Alexandrie de reconnaître le groupe schismatique dit « Église orthodoxe d’Ukraine », nous avons eu une longue pause, attendant que le primat de l’Église orthodoxe d’Alexandrie réalise la profondeur, la tragédie et le caractère irréparable de son erreur, mais cela ne s’est pas produit. Aucun synode n’a été convoqué, dont les membres auraient pu se prononcer sur la seule décision du patriarche Théodore, la soutenir ou la rejeter. Nous avons attendu deux ans, plus que ce qui était possible. Maintenant, la question de la réaction des dirigeants de l’Église d’Alexandrie a cessé d’exister pour nous.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes quant à la réaction du clergé. 102 ont déjà demandé à être reçus sous l’omophore de l’Église orthodoxe russe. Il s’agit d’un pourcentage significatif du nombre total de membres du clergé. Certains d’entre eux l’attendent depuis 2019. Nous prévoyons une augmentation du nombre de demandes."

LE SAINT-SYNODE DE L’ÉGLISE RUSSE A PRIS LA DÉCISION DE FORMER UN EXARCHAT PATRIARCAL D’AFRIQUE (29 décembre 2021) composé d’un diocèse d’Afrique du Nord et d’un diocèse d’Afrique du Sud. Le chef de l’Exarchat d’Afrique portera le titre de métropolite de Klin(2). Le siège administratifs de l’exarchat sera la cathédrale patriarcale de Tous-les-Saints dans le quartier de Koulichki à Moscou, qui a servi de 1999 à 2019 de représentation du Patriarcat d’Alexandrie...

LE DIOCÈSE D’AFRIQUE DU NORD COMPREND LES PAYS SUIVANTS : Égypte, Soudan, Soudan du Sud, Éthiopie, Érythrée, Djibouti, Somalie, Îles des Seychelles, République Centrafricaine, Cameroun, Tchad, Nigéria, Niger, Libye, Tunisie, Algérie, Maroc, Cap-Vert, Mauritanie, Sénégal, Gambie, Mali, Burkina-Faso, Guinée-Bissau, Guinée, Sierra-Leone, Linérie, Côte d’Ivoire, Ghana, Togo, Bénin. L’ordinaire du diocèse d’Afrique du Nord aura le titre d’évêque du Caire et d’Afrique du Nord.

LE DIOCÈSE D’AFRIQUE DU SUD COMPREND : L’Afrique du Sud, le Lesotho, le Royaume d’Eswatini, la Namibie, le Botswana, le Zimbabwe, le Mozambique, l’Angola, le Zambie, le Malawi, Madagascar, l’Île Maurice, l’Union des Comores, la Tanzanie, le Kenya, l’Ouganda, le Rwanda, le Burundi, le Congo, la République démocratique du Congo, le Gabon, la Guinée équatoriale, la République de Sao Tomé-et-Principe. L’ordinaire du diocèse d’Afrique du Sud portera le titre d’évêque de Johannesbourg et d’Afrique du Sud.

Après la réception des 102 prêtres mentionnés par Mgr Léonide, l’exarchat compte environ 105 paroisses avec les paroisses russes qui existent déjà en Égypte, Tunisie, Maroc et Afrique du Sud.


RÉPONSE DU BERGER À LA BERGÈRE

Le 24 octobre 2021, le ministère de la justice a enregistré une "Église orthodoxe lettone du patriarcat de Constantinople", alors même que fonctionne en Lettonie l’Église Orthodoxe de Lettonie, autonome au sein du patriarcat de Moscou. En fait, la communauté ainsi enregistrée existe depuis 1990 à la suite d’un schisme de l’Église Orthodoxe Russe Hors Frontière (EORHF) et annonce faire partie du patriarcat de Constantinople depuis 2011 sans qu’aucune confirmation ne soit disponible du côté du Phanar. D’après les données du Ministère de la justice pour 2019, cette communuaté compte environ 7 000 fidèles, alors que l’Église orthodoxe de Lettonie du patriarcat de  Moscou en compte 250 000, les communautés luthériennes, majoritaires, 700 000 et les Catholiques 334 000.

Le soutien à cette ‘Église’ de la part de Constantinople, s’il est avéré, serait la répétition de l’opération réalisée en Estonie en 1993-96 : Le Département des Affaires religieuses d'Estonie avait reconnu le ‘Synode de l'Église en Exil" comme étant le seul successeur légitime de l'Église orthodoxe apostolique d'Estonie, bien que le Synode n'ait pas de représentants légaux dans le pays et qu’il y avait une métropole historique de l’Église russe. La reconnaissance de cette l’Église parallèle par Constantinople avait provoqué la rupture de la communion avec ce patriarcat par le patriarcat de Moscou. Les «Accords de Zurich» entérinant le statu quo et la coexistence de deux juridictions orthodoxes sur le même territoire (en contradiction avec l'ecclésiologie orthodoxe), le Patriarcat de Constantinople renouvelant l'autonomie accordée en 1923

(1) https://ria.ru/20211230/religiya-1766223233.html Traduction https://orthodoxie.com
(2) https://mospat.ru/fr/news/88740/
(3) https://www.cath.ch/newsf/rupture-entre-moscou-et-le-patriarche-orthodoxe-theodore-dalexandrie/ et https://ru.wikipedia.org/wiki/%D0%9B%D0%B0%D1%82%D0%B2%D0%B8%D0%B9%D1%81%D0%BA%D0%B0%D1%8F_%D0%BF%D1%80%D0%B0%D0%B2%D0%BE%D1%81%D0%BB%D0%B0%D0%B2%D0%BD%D0%B0%D1%8F_%D0%B0%D0%B2%D1%82%D0%BE%D0%BD%D0%BE%D0%BC%D0%BD%D0%B0%D1%8F_%D1%86%D0%B5%D1%80%D0%BA%D0%BE%D0%B2%D1%8C

Mais que faut-il faire pour trouver une solution ? Traîter la question comme un simple jeu diplomatique et donc de moindre importance pour la foi ? Il y a des personnes concernées qui souffrent et qui sont mis à l'épreuve par le manque de vie ecclésiale suite aux décisions des deux primats du Phanar et d'Alexandrie. Pour eux, si je comprends bien, il s'agit d'une décision contre la constitution de l'Église - suite aux procédés de reconnaissance des personnes en Ukraine comme faisant partie de l'Église sans réconciliation effective. C'est le primat de l'église d'Albanie, l'Archev. Anastase, qui a exprimé ce propos en toute clarté, au moins dans une traduction disponible en francais sur "Parlons d'Orthodoxie". Et sans réconciliation, toute initiative aboutira dans le vide, parce qu'elle se trouve privée du processus évangélique, nécessaire cependant pour "offrir sur l'autel", selon le mots de l'Évangile. On le voit clairement: toutes les tentatives d'aider des nations à former une "église nationale" sans réconciliation vraie et évangélique portent des fruits amers et ne portent même aucun fruits digne de ce nom - voir: l'Ukraine, l'Estonie, voir même la division de l'Archevêché Rue Daru en plusieurs groupes à cause d'un passé sans réconciliation en profondeur. Il y a des anciennes paroisses de Daru qui cherchent encore à s'enraciner dans un nouveau diocèse à trouver... C'est le mot-clé avec toute sa signification grave et fondamentalement dogmatique, si je peux dire, de Mgr. Anastase d'Albanie - j'espère qu'on l'a bien traduit! - qui conduira les églises vers les fins choisis par chacune d'elle: la réconciliation ouverte devant Dieu et devant les hommes.

« † Anastase

Archevêque de Tirana, Durrës et toute l’Albanie

Depuis le début de la crise ecclésiastique en Ukraine, nous avons souligné oralement et par écrit que le temps ne peut cicatriser les fractures ecclésiastiques et les schismes. Au contraire, il les approfondit et les endurcit.

La récente décision du Patriarcat de Moscou d’établir un exarchat sur le continent africain confirme les craintes initiales.

Parallèlement au schisme qui touche des millions d’orthodoxes ukrainiens, une nouvelle fissure est en train de se créer sur le sensible continent africain, où l’activité missionnaire orthodoxe se développe au cours des dernières décennies.

Dans les États africains, diverses confessions chrétiennes sont établies de longue date, ainsi qu’un islam expansionniste.

Désormais, les Africains ordinaires seront invités à se convertir à l’orthodoxie par deux patriarcats orthodoxes, sans communion sacramentelle entre eux.

Le scandale et l’affaiblissement du témoignage orthodoxe par cette activité de division sont évidents. C’est une évolution douloureuse.

L’affirmation selon laquelle il n’y a pas de schisme dans l’orthodoxie, mais simplement des désaccords ressemble à la théorie selon laquelle le coronavirus n’existe pas.

Le schisme, avec ses diverses mutations, est évident, et il est urgent de rechercher un remède et d’utiliser le vaccin que la tradition apostolique a défini : la réconciliation, l’entente.

En novembre 2019, nous avions envoyé à tous les primats orthodoxes le texte – qui a également été publié dans la presse – « Appel – Supplication pour surmonter la polarisation ecclésiale », dans lequel nous avions souligné la priorité absolue du devoir d’unité, la nécessité de recourir au dialogue, d’éviter des coalitions ethno-phylétisme, et d’activer de façon urgente le principe de conciliarité, sur lequel repose l’Église orthodoxe à travers les siècles.

Nous avons clairement insisté sur ce point : « Rassemblés dans le Saint-Esprit, avec respect mutuel et pour but exclusif de trouver un règlement pacifique, nous avons la possibilité de parvenir à une solution acceptable pour toute l’Église orthodoxe ».

Cet appel anxieux reste absolument pertinent aujourd’hui aussi. Pour rendre service au lecteur, il est reproduit ci-dessous ».

Suite: https://orthodoxie.com/archeveque-anastase-dalbanie-la-fracture-de-lukraine-a-atteint-afrique/

Commentaire: dans son appel du 20 novembre 2019 cité, Mgr Durrës écrivait "L’initiative pour le traitement thérapeutique de la nouvelle réalité appartient indubitablement au Patriarcat œcuménique,"  mais Mgr Ilarion de Volokolamsk soulignait récemment: "Les démarches du patriarche de Constantinople en Ukraine, unilatérales et hostiles à l’Église orthodoxe russe, sont la cause du chaos canonique dans le monde orthodoxe. Dans ce contexte, tant que l’ordre canonique ne sera pas rétabli dans l’orthodoxie mondiale, tant que Constantinople refusera de dialoguer et poursuivra son monologue, publiant des décrets du genre « Roma locuta, causa finita », les Églises orthodoxes devront continuer à prendre des décisions non conventionnelles." (https://mospat.ru/fr/news/88812/.) On ne voit donc malheureusement pas de solution pouvant apparaitre à court terme et, au contraire, les situations antagonistes semblent se durcir...!