EXPLORER QUELQUES INTÉRESSANTS RECOINS DES ÉCRITURES

Yves Leroy
22 mars, 02:07, https://www.facebook.com/yves.leroy.581/posts/10220478627651652

Dans la prière en cas d’épidémie, recommandée par le Saint Synode du Patriarcat de Moscou, nous trouvons cette invocation :
« Seigneur, notre Dieu, (…) mets un terme à la nouvelle maladie contagieuse (la nouvelle épidémie), tout comme Tu as mis un terme au châtiment de Ton peuple au temps du Roi David. »

Que signifie cette comparaison, tirée de la Vie du Roi David ? En fait, la réponse trouve à la toute fin du deuxième livre de Samuel, au chapitre 24. Satan insinue en David l'idée de faire le recensement du peuple d'Israël. Et cela ne plaît pas à Dieu : David n'est pas autorisé à agir comme n'importe lequel des Souverains de l'époque, car c'est une prérogative de la monarchie absolue, que de dénombrer le peuple du royaume.
Dieu n'aime pas que l'on se fasse diriger par un chef absolu, qui a trop tendance à annexer les attributs de la divinité, dont l'un d'entre eux est de connaître le nombre exact du peuple concerné. D'ailleurs, en général, Dieu n'aime pas les rois : le peuple avait demandé auprès de Samuel, de présenter à Dieu cette requête : « Donne-nous un roi, pour qu'il nous régisse ! » (I Sam. 8 ; 6). Car le peuple avait envie de ressembler aux autres - d'avoir le même prestige que les petits royaumes environnants : « Nous aurons un roi, et nous serons, nous aussi, comme toutes les nations : notre roi nous jugera ; il sortira à notre tête et combattra nos combats » (I Sam. 8 ; 20).

Mais cela présentait un danger majeur : en ressemblant aux autres, se développera un phénomène de mimétisme qui portera les membres du peuple d'Israël à s'adonner à l'idolâtrie, comme leurs voisins. Et Dieu leur répondit : « c'est Moi qu'ils ont rejeté, ne voulant plus que Je règne sur eux. Ils M'ont abandonné et ont servi des dieux étrangers, ils le feront aussi » (I Sam. 8 ;. Samuel consacrera Saül ; ce sera une affaire qui se terminera bien mal.

David n'est pas sans savoir que l’initiative du recensement est une action qui ne saurait plaire à Dieu, et il s’exclame : « C'est un grand péché que j'ai commis ! Maintenant, Seigneur, veuille pardonner cette faute à ton serviteur, car j'ai commis une grande folie » (II Sam. 24 ; 10). Pourquoi est-ce que Dieu n'aime pas les recensements ? Cela nous paraît étrange…

En réalité, c'est parce que Dieu regarde le peuple d'Israël comme étant sa propriété privée. C'est exactement comme si, chez nous, en notre maison, quelqu'un force notre porte et va dans toutes les pièces, sans nous demander la moindre autorisation, pour faire un inventaire détaillé de tous les meubles et objets qui s'y trouvent. Est-ce que nous serions contents de cette situation ? Nous la percevrions comme une atteinte inadmissible - à la fois à notre vie privée, et à notre propriété. Et c'est bien le sentiment que Dieu éprouve, lorsqu'un roi se mêle de vouloir compter le nombre des citoyens que comprend le peuple élu…

Le lendemain donc, David se lève tôt (texte des Septante), et c'est pour entendre le prophète Gad, qui lui transmet cette parole du Seigneur : « Tu peux choisir entre ces trois choses : 1) trois années de famine ; 2) la fuite devant ton ennemi qui te poursuit, pendant trois mois ; 3) ou une peste de trois jours ? Mauvaise nouvelle ! Et David de répondre : « Tombons entre les mains du Seigneur car sa miséricorde est grande ; mais que je ne tombe pas entre les mains des hommes : je choisis la peste ». David veut le plus court…

Et c'est bien ce qui arriva, avec un grand nombre de victimes. La peste s'arrêta aux abords de la ville de Jérusalem de l'époque. Ce n'était pas n'importe quel endroit : c'était l'aire d'Arauna le Jébuséen (II Sam. 24 ; 16), sur une colline qui était située au Nord de l'agglomération. C'est le lieu où sera construit le Temple ! Et c'est Salomon qui le construira.

David aurait bien voulu le construire, et c'est ce qui est exprimé dans le psaume 131 : « Souviens-toi, Seigneur, de David (..), du serment qu'il fit au Seigneur (...) : point n'entrerai sous la tente, ma maison, point ne monterai sur le lit où je repose, point ne donnerai de sommeil à mes yeux ni de relâche à mes paupières, ni de repos à mes tempes, que je ne trouve un lieu pour le Seigneur, un Tabernacle pour le Dieu de Jacob ! ».

La réponse divine arriva la même nuit : « Ta maison et ta royauté subsisteront à jamais devant moi, ton trône sera affermi à jamais » (II Sam. 7 ; 16). C'est la prophétie du Messie-Roi, qui se réalisera avec le Christ. Le Seigneur avait décidé - certainement avec raison - que le Royaume de David n'était ni assez stable, ni assez puissant, pour se lancer dans un tel projet architectural.

C’est ainsi que cette allusion dans la « prière en cas d’épidémie » nous donne l’occasion d’explorer quelques intéressants recoins des Écritures.