REPRESENTATIONS DU CALVAIRE

En cette Semaine de la Croix, je propose une petite réflexion sur la représentation du Calvaire. Les différences des représentations entre les canons iconographiques orthodoxes et les peintures religieuses occidentales montrent en effet clairement la différence de l'approche théologique de la Passion:


La tradition orthodoxe: le Christ triomphant sur la croix bénit embrasse et bénit le monde entier. "par sa mort il a vaincu le mort" – non celle d'un individu, fût-il Jésus de Nazareth, mais de toute l'humanité qu'il bénit (illustration: icône russe du XV siècle). Il garde les yeux ouverts: "Lorsque le lion dort, ses yeux veillent et ne sont pas fermés. Ainsi nous voyons dans le Cantique des cantiques : "Je dors, mais mon cœur veille toujours." Tandis que son corps reposait dans le tombeau, sa divinité veillait toujours, et n'avait nul repos. C'est pourquoi la sainte Ecriture nous dit : "Le gardien d'Israël ne se repose jamais." (https://archive.org/details/LePhysiologueBestiaireSpirituel/mode/2up)


La tradition occidentale (Matthias Grünewald, XVI° siècle, retable d'Issenheim, Colmar France): douleur et misère du corps supplicié et vaincu. Certains disent même que le Calvaire est la victoire du Mal ("J'ai vu Satan tomber comme l'éclair" de Drewermann, "La passion du Christ", de Mel Gibson au cinéma).

Soulignons que cette tradition doloriste date de la Renaissance. Auparavant, les crucifixions romanes ou gothiques sont conformes aux canons orthodoxes: "Le Christ représenté le corps droit cloué sur la croix s’endort dans la mort selon son humanité, mais impassible, les yeux ouverts dans une tête souvent droite, demeure immortel, selon sa divinité." (Illustration: bas-relief dite de Saint-Mexme du XIe siècle, musée du Vieux Chinon, Indre-et-Loire).